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Deville, qui a publié en 1877 une traduction française du Capital.

« En menant à bien l’étude de la société, Karl Marx n’a pas prétendu être le créateur d’une science inconnue avant lui. Il a, le premier, préconisé l’étude des phénomènes sociaux, basée sur la seule conception réelle, sur la conception matérialiste.

« L’histoire, a-t-il exposé, n’est que l’histoire de la guerre des classes. Ce sont les intérêts matériels qui ont toujours motivé la lutte incessante des classes privilégiées, soit entre elles, soit contre les classes inférieures aux dépens de qui elles vivent. Ce sont les conditions de la vie matérielle qui dominent l’homme, ce sont ces conditions, et par suite le mode de production, qui ont déterminé et détermineront les mœurs et les institutions sociales, économiques, politiques, juridiques ; dès qu’une partie de la société a accaparé les moyens de production, l’autre partie, à qui incombe le fardeau du travail, est obligée d’ajouter au temps de travail commandé pour son propre entretien, un surplus pour lequel elle ne reçoit aucun équivalent, destiné à entretenir et à enrichir les possesseurs des moyens de production.

« La mission historique de la classe actuellement exploitée, du prolétariat, est d’activer l’œuvre de destruction commencée par le développement des antagonismes sociaux. Il lui faut tout d’abord, révolutionnairement, arracher à ses adversaires de classe le pouvoir politique, la force par eux consacrée à conserver intacts leurs monopoles économiques.

« Maître du pouvoir politique, le prolétariat pourra, en procédant à la socialisation des moyens de production, réaliser le travail universel et l’abolition des classes. »

Pour réaliser ce programme collectiviste Karl Marx comptait beaucoup sur le mouvement communaliste de 1871,