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plupart ayant puisé dans la lecture des ouvrages de Proudhon les idées socialistes. Ils étaient également imbus, d’après les écrivains de 1848, des principes de l’association, et se montraient persuadés de son efficacité pour arriver, par des grèves bien conduites, à résister aux exigences patronales et à maintenir le taux des salaires. Ces délégués avaient été envoyés par leurs camarades, avec la mission d’étudier les conditions du travail et des salaires de l’Angleterre, de comparer la situation des ouvriers anglais avec la leur. Le gouvernement avait favorisé cette enquête. Il avait supporté les frais d’envoi des délégués. Les représentants du travail français fraternisèrent avec leurs camarades anglais et étudièrent le fonctionnement des sociétés de défense ouvrière, existant déjà en Angleterre sous le nom de Trade’s Unions. Il sortit de ces conférences amicales et privées le projet d’une association des travailleurs de tous les pays, en vue d’empêcher la concurrence en cas de grèves, et d’établir une solidarité entre les travailleurs, en quelque pays que la grève éclatât.

C’était là l’embryon d’une fédération universelle des travailleurs, le germe initial de la conception d’un grand parti ouvrier, devant vivre et grandir en face du patronat et du capitalisme, sans distinction de nationalités, sans préoccupation de frontières.

Les délégués français quittèrent l’Angleterre, non sans avoir pris rendez-vous pour un grand meeting ouvrier, où l’on fixerait les termes de l’association projetée, où l’on fonderait l’organisation de résistance de la classe ouvrière.

Au meeting de Saint-Martin’s hall, où, parmi les délégués français, figurait Tolain, par la suite député et sénateur, on établit des statuts provisoires. Le principe de l’émancipation des travailleurs et la solidarité des travailleurs de toutes les nations formaient la base de ces statuts. Ils affir-