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incertain, on vit figurer un ancien préfet de police, Adam, le bâtonnier de l’ordre des avocats, Desmarets, de futurs conseillers municipaux, sénateurs et députes, comme Ranc, Ernest Lefèvre, J. de Bouteiller, Brelay, Ulysse Parent, des maires et adjoints d’arrondissements au 4 septembre, tels que Marmottan, Ferry, Nast, Murat, enfin deux personnages destinés à devenir chefs de gouvernement, Tirard et Méline. Voilà donc des hommes qu’on jugeait à priori si anti-sociaux, animés de principes tellement subversifs, qu’ils devaient être mis hors le droit des gens, hors du parlementarisme, hors de l’organisme politique. Pouvait-on, par le seul fait de leur élection, les considérer comme des monstres, comme des êtres exclus du consortium représentatif et gouvernemental ? Ces futurs honorables et ministrables rendaient-ils la Commune inacceptable, intolérable ? Le nom, le passé, les opinions de la plupart de ceux qui acceptèrent le mandat n’étaient pas plus compromettants et n’avaient pas une signification révolutionnaire plus accentuée alors que les noms, le passé et les opinions des Jules Ferry, des Jules Simon et des Glais-Bizoin de la Défense nationale.

Malheureusement, les principaux de ces élus bourgeois, ceux qui eussent inspiré la plus grande confiance, et rassuré les plus timorés, malgré la spontanéité de leur désignation, à cause d’elle peut-être, se retirèrent. Ils eurent peur d’être compromis. Avoir été choisis par des électeurs insurgés, c’était un cas dangereux. Elus sans brigue, sans postulation, ils devenaient plus suspects ; c’était une circonstance aggravante. On reconnaîtrait là toute la violence de leurs opinions, on aurait ainsi la preuve de leur sympathie acquise à l’insurrection. Ces bons bour-