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rait pu faire qu’une épuration, à ses yeux insuffisante, mais il ne devinait pas qu’elle deviendrait aussi formidable. Il partageait l’opinion des généraux sur la garde nationale, et croyait qu’elle serait incapable de tenir contre les troupes plus de 48 heures, du samedi au lundi. Aussi avait-il refusé tout concours des gardes nationaux, dits de l’ordre. D’un cœur, non pas léger, mais lourd de haine contre la démocratie, contre le peuple, qu’il avait appelé la vile multitude, il déclara à Paris la guerre. Il ne se doutait pas qu’elle durerait deux mois, qu’elle ferait couler des flots de sang du côté de l’armée, qu’il entraînait cette armée dans une seconde campagne inutile et sans gloire, et que sa victoire retardée aboutirait à ces deux résultats qui n’étaient point ceux qu’il cherchait : la république consolidée et son fauteuil de président donné au maréchal Mac-Mahon, l’exécuteur de ses hautes œuvres.

À trois heures du matin, les troupes mises sur pied sortaient silencieusement des casernes, et se dirigeaient vers la Butte Montmartre.

Aux premières lueurs de l’aube indécise le plan de M. Thiers avait reçu un commencement d’exécution.