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finissait par croire qu’il les avait faites. Il n’aurait pu commencer plus vite sa campagne de Paris, parce qu’il n’avait pas suffisamment de troupes sous la main. Depuis plusieurs jours, des renforts, réclamés d’urgence, lui arrivaient. En même temps, il pressait le renvoi des soldats désarmés, logés chez l’habitant, vaguant dans Paris, et dont le contact avec la population civile l’inquiétait. Débarrassé de ces éléments douteux susceptibles de renforcer l’insurrection, disposant des régiments qu’il avait fait venir de province, de Gap, d’autres garnisons du sud-est, ayant déjà la division Faron qui avait conservé ses armes, et dont il était sûr, il estima que l’heure d’agir était venue. Il convoqua Vinoy pour le 17, dans la matinée, à son cabinet :

Si l’on ne réussissait pas, a dit M. Thiers, il faudrait sortir de Paris, mais auparavant, il fallait tenter le combat, et chercher à enlever les canons à tout prix. Nous étions à l’un de ces jours où il faut tout risquer. Le général Vinoy, que je consultai, me répondit : Nous avons bien peu de monde, mais enlever les positions n’est pas impossible. Ordonnez, je suis soldat, j’obéirai !…

(Enquête Parlementaire. Id.)

Il ordonna, et Vinoy obéit, mais mal.

Ni lui, ni personne dans le conseil qui fut réuni dans la journée de vendredi, et qui approuva le plan d’attaque délibéré entre Vinoy et le chef du pouvoir exécutif, n’avaient prévu trois facteurs de l’échec du lendemain : les mauvaises mesures prises par les généraux, notamment en ce qui concernait l’envoi des attelages pour emmener les pièces d’artillerie, puis l’intervention en masse de la population montmartroise, et enfin la débandade d’un régiment, le 88e de marche.

M. Thiers souhaitait la résistance, sans laquelle il n’au-