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d’être délivrée, et toute à la discrétion de son libérateur. Le pays joindrait ses acclamations.

Enfin, une considération financière pressante le poussait à hâter, au moment où l’Assemblée reprenait ses séances, la fin du malaise et de l’indécision, dont, à cause de ces canons, les banquiers arguaient pour ajourner les combinaisons permettant de faire l’emprunt et de payer les Prussiens.

Beaucoup de personnes, déposa Thiers, s’occupant de la question financière, disaient qu’il fallait songer à payer les Prussiens. Les gens d’affaires allaient répétant partout : vous ne ferez jamais d’opérations financières, si vous n’en finissez pas avec tous ces scélérats, si vous ne leur enlevez pas les canons. Il faut en finir, et alors, on pourra traiter d’affaires. L’idée qu’il fallait enlever les canons était en effet dominante, et il était difficile d’y résister.

(Enquête parlementaire. — Déposition de M. Thiers, t. II, p.11.)

On lui ordonnait d’en finir ! Injonction terrible de la réaction effrayée, à toutes les époques de lutte contre les forces populaires. Le plus tôt qu’il en finirait serait donc le plus avantageux, pour aborder la question de l’emprunt, pour les ressources à trouver afin de payer et de renvoyer les Prussiens. Il comptait saisir l’Assemblée, dès sa réunion à Versailles, des moyens financiers qu’il avait en vue. Il était donc nécessaire d’agir immédiatement.

Il n’avait pu engager plus tôt l’action qu’il méditait, parce que d’abord il voulait être là pour tout décider, pour donner des ordres aux généraux, pour faire de son cabinet un quartier général, d’où il dirigerait les opérations, la stratégie étant sa marotte. En art militaire il s’estimait seul compétent, n’était-il pas l’historien des batailles de Napoléon ? Ayant raconté les campagnes de l’empereur, il