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Le Comité Central ne fut ainsi pour rien dans les événements. Il n’a ni préparé le Dix-Huit Mars, ni même, après la tentative d’enlèvement des canons dans la matinée, pris la direction, commandé l’émeute, et agi en chef d’un parti soudainement victorieux.

La conclusion de ces observations, fondée sur les faits, est que, sans la volonté de M. Thiers, il n’y aurait eu ni le Dix-Huit-Mars, ni la Commune.

L’ATTAQUE EST DÉCIDÉE

Pourquoi Thiers brusqua-t-il le mouvement ? Il pouvait temporiser encore, comme il aurait pu ordonner plus tôt une attaque décisive. Il n’avait pas voulu, sans être présent, commencer l’exécution de son plan. Il lui avait paru nécessaire, tandis qu’il était à Bordeaux, de préparer l’opération, de permettre l’incubation de la résistance. De là les tentatives des jours précédents. Elles avaient averti, comme il le voulait, les gardes nationaux. Il ne désirait pas que les canons fussent enlevés par surprise et trop facilement, mais il ne convenait pas non plus de propager trop longtemps l’expectative. Il avait peloté en attendant partie, à présent il fallait jouer. Retarder l’opération définitive, c’était risquer de la rendre inutile. La lassitude des gardiens des parcs était visible, déjà notoire. L’opinion souhaitait un dénouement pacifique, attendait une transaction. Un accord était dans l’air, et soit que les gardes nationaux

    trouvé des camarades blanquistes. Il m’était au courant de rien ; les policiers et les habitués de la brasserie, presque tous futurs membres ou militants de la Commune, avaient la même ignorance.

    À deux heures du matin, quand ils se quittèrent au carrefour Trudaine. Raoul Rigault devant regagner les Batignolles, tout était tranquille. Pas un bruit ne montait de la ville, et Montmartre dormait.