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gauche, le XIIe avec Duval et le XIVe avec Henry, deux chefs s’efforçant de grouper, de préparer les bataillons dont ils étaient sûrs, n’était pas une préparation à la guerre civile ; ils n’agissaient pas dans l’idée ou l’espoir d’une prise d’armes, à échéance fixe. On eût procédé ainsi, s’il y avait eu complot, mot d’ordre donné, et rendez-vous pris à l’avance. Il n’en était rien. Duval et Henry ne s’organisaient qu’éventuellement, en vue d’une prise d’armes qui ne deviendrait nécessaire que si l’Assemblée tentait, comme on le craignait, de renverser la République, ou d’introduire un prétendant, d’Aumale ou le comte de Paris. Aucun de ces deux chefs de légion, nul de leurs camarades du Comité Central n’eurent un moment la pensée que leurs bataillons seraient, quelques heures plus tard, convoqués pour le service des barricades, pour la mise en état de défense des rues et avenues de leurs quartiers.

La dernière semaine avant le Dix-Huit mars se passa donc dans le calme, sans angoisse. On ne croyait pas tout danger disparu, mais l’ensemble de la population se disait que, quand l’Assemblée serait réunie à Versailles, si les monarchistes persistaient dans leurs idées de restauration ou de confiscation de la République, il y aurait peut-être du « grabuge », mais cette Assemblée ne tenterait rien le premier jour de son installation. Comme elle ne venait siéger que le lundi 20, on avait au moins devant soi quelques jours de tranquillité certaine.

Le jeudi 16 mars était le jour de la Mi-Carême. Un arrêté du général Vinoy avait interdit les déguisements et supprimé les cortèges, les mascarades, les bals, L’animation fut quand même très générale, Les cafés étaient pleins. Les théâtres jouaient. Ils donnaient les pièces suivantes : Théâtre Français : « La Joie fait peur » — « Le Jeune Mari » : — Gymnase : « Frou-Frou ». — Vaudeville : « Les Pari-