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Ceci est démontré par la preuve qu’un grand nombre d’élus, qui, d’ailleurs, refusèrent le mandat, ne l’avaient pas sollicité. Ils avaient été élus sans affiches, sans réunions, sans promesses, sans visites, sans arguent. Fait plutôt rare dans les périodes électorales ordinaires, prouvant la spontanéité et la vérité de l’élection.

On a contesté la validité, la légitimité d’une assemblée nommée en période insurrectionnelle. C’est un déni de justice historique. Qu’on lui ait contesté le droit de sortir de sa compétence d’assemblée municipale, cela c’est possible, bien que ce soit refuser aux hommes du 18 mars le droit de se former en gouvernement provisoire, comme, au 24 février 48 et au 4 septembre 70, l’avaient fait les insurgés d’alors.

Les électeurs parisiens avaient-ils désigné des personnalités terrifiantes, et dont le nom seul pouvait sembler une provocation au désordre, au pillage, au meurtre ? Parmi les élus qui acceptèrent, et qui siégèrent, il y avait sans doute des notoriétés révolutionnaires, des citoyens au passé énergique, comme Charles Delescluze, à la réputation farouche un peu usurpée, comme Félix Pyat, mais ces hommes avaient déjà été membres des assemblées bourgeoises. Parmi les nouveaux venus, on trouvait des journalistes comme Jules Vallès, Arthur Arnould, Vermorel, et des futurs parlementaires comme Paschal Grousset, Amoureux, Léo Meillet, Vaillant. Tous ces républicains socialistes, dont plusieurs siégèrent au Palais-Bourbon, n’étaient pas de bien terribles épouvantails. Parmi ceux qui ne crurent pas devoir accepter ou garder un mandat, qu’ils estimaient irrégulier, ou, plus probablement, périlleux et