Si encore il s’agissait d’un simple passe-temps, entre gens qui ne savent que faire, on ne devrait en prendre nul souci ; mais, à première vue, il est facile de reconnaître qu’il y a des entrepreneurs adroits, des affidés, qui prennent dans leurs filets de pauvres diables, à qui l’appât d’un gain imaginaire fait perdre en un instant le fruit de pénibles travaux.
C’est plus que de l’immoralité, c’est du vol.
Quelques compagnies de gardes nationaux avaient commencé à faire la chasse à tout ce monde ; mais peu secondées, elles paraissent y avoir renoncé.
Nous espérons que le nouveau préfet de police s’en inquiétera davantage, et que bientôt il nous débarrassera de ce spectacle affligeant, qui est une aggravation du deuil de la cité.
Des gens qui jouent avec ardeur à la passe-anglaise, ou qui se plaignent d’être filoutés au bonneteau, ne semblent pas s’attendre à une révolution.
Une certaine agitation, il est vrai, était signalée dans le XIVe arrondissement. Elle avait son foyer au club de la Maison-Dieu. Le chef de légion Henry avait pris le commandement de ce quartier, et paraissait préparer les hommes dont il disposait à une action. Mais il s’agissait toujours d’une intervention armée, pour le cas où l’Assemblée de Bordeaux, assurément suspecte aux yeux des républicains ardents du XIVe arrondissement, tenterait quelque coup de force contre la République. À une convocation des officiers, 10, rue Maison-Dieu, pour le jeudi 16 mars, à l’effet de nommer des délégués, et signée : le chef de légion Henry, un chef d’escadron d’état-major de la garde nationale Lunel, commandant le 8e secteur, riposta par un ordre du jour destiné à être communiqué aux bataillons des VIe et XIVe arrondissements. Ce document portait que les officiers et gardes qui donneraient leur adhésion à un ordre quelconque du soi-disant chef de légion de l’arrondissement, nommé par les délégués d’un comité central illéga-