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ce système on laissera sans doute encore des canons aux bataillons dont on se défie, mais tous les autres bataillons en auront.

(Enquéte parlementaire. Déposition du colonel Langlois, t. II. p. 516.)

Cet avis fut d’ailleurs repoussé, comme tous ceux qui tondaient à un dénouement pacifique.

Il résulte de ces divers témoignages, et de l’ensemble des faits qui ont précédé le Dix-Huit Mars, que la situation n’était nullement critique dans les trois premières semaines de mars, que l’on pouvait patienter encore, et que, soit par un arrangement avec les chefs de bataillons, comme le proposait le colonel Langlois, soit par la temporisation, en attendant que la lassitude et la négligence eussent permis d’enlever facilement les canons, la crise devait être retardée, conjurée, donc pas de sang, pas de Commune, Mais c’était l’anéantissement du plan de M. Thiers.

SYMPTÔMES D’APAISEMENT

La presse, sauf quelques journaux réactionnaires qui propageaient l’alarme et exagéraient le péril des canons de Montmartre, dans le but mesquin de plaire à la clientèle et de donner des informations sensationnelles, ce furent les déplorables débuts du moderne reportage, tenait généralement un langage rassurant. Elle continuait à publier des notes nullement menaçantes.

Ainsi, on lisait dans l’Opinion Nationale :

Le quartier de la Butte Montmartre n’a pas encore repris absolument sa physionomie accoutumée, mais tout est en bonne voie d’apaisement. On sent une certaine lassitude chez ceux qui avaient pris la direction de cet étrange mouvement, et les consignes brutales de ces jours derniers se relâchent.