PARIS CROIT QUE TOUT VA S’ARRANGER
La détente était visible, et malgré les excitations de la presse réactionnaire, l’avis à peu près unanime était que les choses s’arrangeraient. On supposait que les canons finiraient par ne plus être gardés du tout, et que les autorités en pourraient, au premier jour, reprendre possession, sans ostentation, comme se fait la relève d’un poste, et que les quelques hommes se trouvant là, en faction, s’écarteraient pacifiquement. La garde et la surveillance des canons devenaient en effet une véritable corvée. Les mêmes bataillons faisaient le service, et commençaient à trouver fastidieuse la faction inutile sur la Butte. Les journaux constataient ce laisser-aller, précurseur d’un abandon définitif.
M. Degouve-Denuncques, adjoint au Xe arrondissement, a déclaré devant la Commission d’enquête :
Je suis allé à Montmartre, quand j’ai examiné les canons j’ai causé avec les factionnaires qui les gardaient. C’étaient des hommes qui demandaient qu’on les débarrassât de ces canons qui les obligeaient à monter la garde à Montmartre.
(Enquête parlementaire sur le 18 mars. déposition de M. Degouve-Denuncques, t. II, p.400.)
La même appréciation fut fournie par un personnage dont l’opinion méritait d’être prise en considération, le général d’Aurelle de Paladines. Pour lui, le service des gardes autour des pièces d’artillerie les fatiguait, les ennuyait.
Le général a ajouté :
M. Clemenceau vint me trouver, et me dit que cette situation était très pénible pour les hommes de son quartier ; qu’ils étaient disposés à rendre les pièces d’artillerie qu’ils avaient ; qu’il suffisait qu’on s’engageât à les placer dans un endroit où elles seraient gardées partie par la garde nationale, partie par l’armée…