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dont elle a usé avec empressement. La peur de ne pas conserver le pouvoir, et peut-être aussi l’espoir secret de traiter eux-mêmes sans le concours d’une assemblée, et d’obtenir la paix, qui paraissait alors désirable, possible, et pouvait être honorable, fit repousser l’idée de la convocation des électeurs. Les détenteurs du pouvoir voulaient garder pour eux l’avantage et la gloire d’avoir pacifié et libéré le territoire. Ils n’ont recueilli que la douloureuse responsabilité des capitulations.

Un des arguments avec lesquels on a essayé de défendre cette illégalité, et de justifier ce silence arbitraire, en vue de conserver la dictature, est celui-ci : la présence d’une grande portion du corps électoral sous les drapeaux aurait diminué le nombre des électeurs et donné une fausse base à la représentation nationale. C’est une assertion inexacte. Au 4 septembre, il n’y avait pas encore de mobilisés, ni de gardes nationales organisées, par conséquent, sauf les hommes de la classe libérée rappelés, les électeurs étaient encore chez eux, et auraient pu voter avant d’aller rejoindre les bataillons en marche. Le service obligatoire n’existait pas, et, à Sedan, comme aux armées du Nord et de l’Est, il n’y avait alors que des hommes faisant partie de corps permanents, des soldats professionnels, des remplaçants, par conséquent n’exerçant pas les droits électoraux.

Au contraire, la constitution du gouvernement de la Commune fut prompte, presque immédiate, et, en fait, elle apparaît aussi formaliste, aussi régulière que celle des membres des assemblées municipales qui suivirent. Le choix des électeurs fut libre et le vote fut reconnu sincère.