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sation de la guerre, avec la direction du combat, les seules choses importantes, de nécessité absolue, durant les six semaines de lutte quotidienne. Arnold représentait, et soutenait énergiquement, cette opinion, qui était la vraie, la seule pratique. Il s’était spécialement occupé de l’effort militaire à faire, et ne prétendait nullement au rôle de législateur. Il voulait imposer, par les armes, la paix, forcer à la transaction le gouvernement de Versailles, et non donner des lois à la France. À ce titre, Arnold demeure use des figures les plus importantes de la Révolution parisienne, malgré son rôle effacé à l’Hôtel-de-Ville, peut-être à raison même de cette abstention volontaire des séances parlementaires. Il jugeait que sa place était aux remparts, et la Commune tout entière aurait dû l’y suivre.

Arnold, qui participa à la défense désespérée des derniers jours, fut fait prisonnier, et déféré aux conseils de guerre. Il fut condamné à la déportation. Il put, à la presqu’ile Ducos, puis à Nouméa, continuer ses travaux d’architecture. Il participa au concours pour la construction de l’église de Nouméa, — le travail n’a pas d’opinion, — et obtint le second prix. Il envoya un projet à l’exposition de Sidney, qui fut primé. Revenu en France, à l’amnistie, il put reprendre sa profession d’architecte de la Ville de Paris.

Le fait qu’un homme aussi énergique, aussi influent dans le Comité Central, protestait contre les rumeurs sinistres de guerre civile, et cela l’avant-veille du coup de force de Thiers, prouve suffisamment que Paris ne s’attendait nullement à cette attaque, et que ce fut bien par la volonté et les manœuvres du gouvernement que cette guerre civile éclata.