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64e bataillon. C’est un des membres les plus actifs du Comité Central… Arnold est doué d’une vive intelligence, qu’il met au service d’une ambition démesurée… La victoire du Comité Central sur Rossel est due en grande partie à l’esprit actif, inventif, intrigant d’Arnold.

Ce nouveau veau sur la scène politique y arrive avec des qualités et des défauts peu communs. Hautain, arrogant dans ses rapports, même avec ses collègues, il croit suppléer à l’absence d’études politiques et sociales, par une intrigue pleine d’habileté. C’est un ennemi dangereux pour ceux auquels il s’attaque, et c’est un ami, non moins redoutable, pour ceux avec lesquels il songe bon de s’unir pour un moment. La Commune ne semble pas avoir beaucoup de sympathie pour Arnold, dont elle ne connaît guère le passé, et dont elle redoute l’avenir…

(Jules Clère. Les hommes de la Commune. Paris, Dentu, éd. 1871.)

Ce portrait est sévère. Il n’a guère de valeur que parce qu’il fut tracé pendant la Commune, d’après nature, et qu’on y peut noter les nuances du moment. Les divergences d’opinions ne furent ni grandes ni terribles entre les membres de la majorité et de la minorité ; ces adversaires théoriques s’allièrent dans l’action ; ils se retrouvèrent presque tous unis pour la lutte suprême, et s’affirmèrent compagnons dans la défaite et dans la mort. Entre le Comité Central et la Commune, il y eut, au contraire, permanente compétition de pouvoirs, persistante jalousie individuelle, et vivace hostilité de corps. Arnold toujours pencha du côté du Comité Central. Il était dans la logique de la situation. La Commune, malgré certaines individualités puissantes, comme Delescluze, malgré des décisions humanitaires ou sociales intéressantes, mais plutôt de la compétence d’une assemblée nationale, faisait double emploi avec le Comité Central. Elle aurait dû avec lui, la dualité pernicieuse étant maintenue, partager le pouvoir et séparer les attributions. Au Comité central devait appartenir l’organi-