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nent bride, et la petite colonne regagne ses quartiers, sans les canons.

Si l’attaque avait été sérieusement dirigée, avec des forces en quantité suffisante, la défense était impossible dans cette place entourée de grilles, d’arcades, facile à cerner, à isoler. Les gardes nationaux, bloqués à l’intérieur des grilles, ne pouvaient être secourus, car les rues étroites donnant accès à la place des Vosges, pouvaient être facilement barrées. Ils se seraient trouvés pris comme dans une ratière, et sans avoir pu même faire usage de leurs canons, alignés et serrés le long des grilles, impossibles à manœuvrer.

Mais la nouvelle de la tentative s’était répandue dans le faubourg, et c’était ce qu’il fallait. Le lendemain, les pièces étaient transportées rue Basfroi et rue Keller, en plein quartier Saint-Antoine. Les terribles insurgés de la Bastille et des environs se trouvaient avertis, ils veillaient, munis d’artillerie, à même de commencer la guerre civile, si le cœur leur en disait, et si on venait les provoquer. Le plan réussissait.

CALME DE PARIS À LA VEILLE DU 18 MARS

Ainsi les attaques en vue de reprendre les canons n’étaient qu’une amorce. Paris, par son attitude, semblait bien éloigné de la pensée d’un combat. Il s’entêtait à garder ses canons, ou à ne les rendre que par suite d’un accord avec des garanties républicaines pour l’avenir, mais aucun de ses habitants ne s’attendait à une lutte provoquée par le gouvernement, aucun ne la désirait venant des fédérés.

Une réunion des maires avait eu lieu, au ministère, sous la présidence d’Ernest Picard. Jules Ferry y assistait. Les maires déclarèrent qu’on avait fort exagéré des troubles