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nus légaux. Les Allemands n’auraient pu arbitrairement considérer comme des bandits hors des lois de la guerre les patriotes armés pour la défense du sol. Les francs-tireurs, les partisans, les citoyens empoignant le fusil ou la fourche, fussent devenus des belligérants, des réguliers selon le protocole guerrier. Un vote énergique de la France consultée déclarant la continuation de la guerre atroce et sans merci, comme en Espagne en 1809, eût fait réfléchir les diplomates européens. Une médiation, que l’Allemagne n’aurait pu refuser que difficilement, se serait certainement produite. Pour écarter toute tentative de paix, qui alors eût été moins onéreuse, eût laissé le territoire intact, avec l’espoir d’une revanche possible et prochaine, la Prusse ambitieuse, déjà grisée par la victoire, prétendait qu’elle n’avait pas en face d’elle un gouvernement légal, avec qui l’on pouvait traiter en toute sécurité et dignité. Il faut se souvenir que la déchéance de Napoléon III et de sa dynastie n’a été prononcée que le Ier mars, à Bordeaux, et que, pour les diplomates formalistes, l’ex-empereur, bien que prisonnier, était toujours le souverain des Français. Il avait conservé à leurs yeux, tant qu’il n’était pas légalement déposé, toute capacité pour signer les traités. Il y avait de nombreux précédents. Tant que, par un vote d’une assemblée régulièrement élue, à défaut d’une déclaration plébiscitaire, il n’était pas déclaré déchu. Napoléon III pouvait engager la nation qui l’avait élu, et dont un plébiscite, remontant à cinq mois à peine, l’avait confirmé dans tous ses pouvoirs. En ne réunissant pas une assemblée pour faire consacrer le nouveau gouvernement, les hommes de la défense fournissaient à l’Allemagne un prétexte à chicanes diplomatiques,