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tal, un collège, un musée, il ne s’ensuit pas que ces établissements d’utilité publique leur appartiennent en propre, et que le groupe des cotisants en conserve la libre et absolue propriété. Les canons avaient été fondus, payés, livrés pour le service de l’État, pour la défense de Paris contre les Prussiens, ils ne pouvaient être détournés de leur destination, pour un ouvrage non prévu, ni conservés par une portion de la population, dans un but mal défini. Le gouvernement pouvait prétendre, et plus justement, qu’investi de la puissance publique celait à lui qu’il appartenait de détenir les instruments de défense de la collectivité. L’argument que ces canons étaient la sauvegarde de l’indépendance de la garde nationale, les instruments éventuels de défense de la République en péril, était bon au point de vue insurrectionnel, devenait sans valeur, si la guerre civile était évitée.

Le gouvernement avait le droit pour lui. Il remplissait sa fonction en voulant récupérer les pièces d’artillerie, détournées de leur destination et retirées de leurs parcs normaux, dans une heure d’angoisse patriotique et d’affolement obsidional.

Le plan de Thiers avait ainsi une base légale, et si son auteur s’était borné à la suppression des redoutes et batteries à l’intérieur de la cité, menaçant non plus les lignes d’investissement, mais les habitations même de Paris, on n’aurait pu que l’approuver. Mais ce plan consistait exclusivement à faire le simulacre de la reprise régulière des canons, de façon à pousser ceux qui prétendaient les garder à une résistance violente et illégale.

Aussi les mesures pour cet enlèvement furent-elles prises non pas comme pour une capture sérieuse et décisive, mais seulement pour une tentative d’enlèvement, avec la certitude qu’elle ne réussirait pas.