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Il sera obligé ensuite de payer de mois en mois, à des termes qu’il n’a pu choisir en vue de ses rentrées, dans des mois de vente morte, dans des mois d’été, des échéances qu’il avait réservées pour les époques de grande vente. C’est un non-sens, égal à celui qui exigerait de l’agriculteur livraison de ses blés avant qu’ils ne soient levés.

Il y a mille objections à faire à cette loi. MM. Thiers et Dufaure, avertis par la voix publique, aimeront mieux, nous n’en doutons pas, revenir sur une erreur, que de la consacrer par la ruine de l’industrie française.

L’Opinion Nationale, tout acquise à la politique du gouvernement et à la personne de M. Thiers, faisait suivre le commentaire de la loi des échéances de ces réflexions sévères :

M. le chef du pouvoir exécutif et MM. les ministres doivent, à moins de cécité complète, être enfin frappés de tout ce que la loi votée le 11 mars à Bordeaux contient de désastres pour les transactions, de ruines pour la production, de chômages pour le travail, de cataclysmes pour la politique.

Il y a danger public, péril grave et imminent, si cette incroyable loi n’est pas abrogée, et remplacée par une loi humainement exécutable, d’ici aux premiers jours de la rentrée de l’Assemblée.

Un comité de commerçants, fabricants et négociants, au nombre de plus de 1,000, sous la signature de son secrétaire M. Alfred Ollive, publiait également une protestation vigoureuse. Elle contenait notamment cette curieuse et affligeante remarque :

La guerre a fait cesser toutes transactions, la guerre a interrompu tous rapports avec la province et l’étranger, un commerçant s’est vu contraint, par suite de ce cas de force majeure, de profiter du délai accordé le 13 août et successivement renouvelé, jusqu’au 13 mars courant. Or, pendant les six mois qui viennent de s’écouler, la vie commerciale a été totalement sus-