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moins d’empressement à faire régulariser ses pouvoirs. Il s’était nommé lui-même, d’une façon assez exceptionnelle, se recrutant parmi les seuls représentants du département de la Seine au Corps législatif, alors dispersé, auxquels on adjoignit deux personnalités, dont l’une fut un choix déplorable. Pourquoi cette sélection entre beaucoup de citoyens alors notoires comme patriotes, et cette adjonction de Trochu et de Dorian ? Cette désignation arbitraire n’était pas imposée par, les circonstances. On pouvait faire intervenir le suffrage universel, c’est à-dire la volonté nationale, malgré l’occupation de deux ou trois départements de l’Est. On eût réservé leur représentation. Est-ce qu’une chambre incomplète ne peut pas statuer régulièrement ? À chaque législature, actuellement, on vote des lois importantes, on constitue et l’on défait des ministères, bien que, par décès, démissions, maladies, élection au Sénat ou envoi en fonctions, la Chambre soit loin d’être au complet.

On fera cette objection que les temps de guerre ne sont pas des périodes électorales. Mais la situation commandait. On a bien ouvert une exposition, en 1855, pendant qu’on se battait en Crimée, on pouvait ouvrir des sections de vote au son du canon. D’ailleurs, le canon ne tonnait pas partout. Au 10 septembre, il était matériellement possible de convoquer les électeurs de 80 départements, au moins. La pression des terribles circonstances ne devait ni fausser le vote, ni altérer sa signification. Bien au contraire, on eût connu alors la vraie pensée de la France, la claire volonté du peuple. On aurait su si le pays voulait la paix ou s’il se résignait à une guerre défensive à outrance. Tous les moyens de résistance, dans ce dernier cas, fussent deve-