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débiteurs gênés. Les porteurs d’effets de commerce étaient sans doute, désireux de recouvrer leurs fonds, mais saut des cas particuliers et fort rares, ces effets n’étaient plus entre les mains de leurs bénéficiaires ; les banquiers, les escompteurs, et principalement la Banque de France, les avaient en portefeuille. La rentrée des fonds dans les banques était légitime assurément, mais ne pouvait avoir un caractère d’extrême urgence, et de nécessité absolue. Au contraire, les souscripteurs de ces effets, qui avaient pris des engagements, sans prévoir la guerre ou sa prolongation, se trouvaient dans l’impossibilité à peu près générale de les tenir. Il n’y avait eu ni affaires, ni travaux, m recettes, ni salaires, pendant le siège, et le chômage ainsi que l’absence de bénéfices et d’émoluments duraient encore, au moment où l’on déclarait les effets prorogés exigibles. Le report en juin et juillet des effets souscrits durant les mois d’investissement était insuffisant.

De nombreuses protestations, émanant de groupes commerciaux, s’élevèrent. « Si la loi était maintenue, nous serions tous, ou à peu près, disait un de ces manifestants, à la veille de perdre notre position, notre honneur. »

Un autre manifeste contenait ces justes récriminations :

Si la loi sur les effets de commerce, qui vient d’être volée à Bordeaux, n’est pas promptement, immédiatement modifiée, rapportée, ou refaite, après enquête, par des gens qui se seront donné la peine d’écouter les vrais commerçants, la France va être couverte de faillites.

Quoi ! alors qu’il a été reconnu que, depuis sept mois, le commerce a été absolument paralysé, le commerçant va cire obligé, subitement, avant que les affaires aient pu reprendre, lorsque les communications ne sont pas rouvertes, quand rien ne fonctionne encore de ce qui est la vie commerciale, de payer dès demain, ce qu’il a été déclaré déjà impuissant à payer, il y a sept mois, à une époque où, relativement, sa situation était moins chargée, moins malheureuse !