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ment des canons, et annonçait la nomination du nouveau général. Le gouvernement précisait son intention de lutter, et faisait appel « aux bons citoyens ».

Les faits les plus regrettables se sont produits depuis quelques jours, et menacent gravement la paix de la cité. Des gardes nationaux en armes, obéissant, non à leurs chefs légitimes, mais à un Comité central anonyme, qui ne peut leur donner aucun ordre sans commettre un crime sévèrement puni par les lois, se sont emparés d’un grand nombre d’armes et de munitions de guerre, sous prétexte de les soustraire à l’ennemi dont ils redoutaient l’invasion. Il semblait que de pareils actes dussent cesser après la retraite de l’armée prussienne. Il n’en a rien été : ce soir le poste des Gobelins a été forcé, et des cartouches ont été pillées.

Céux qui provoquent ces désordres assument sur eux une terrible responsabilité : c’est au moment où la ville de Paris, délivrée du contact de l’étranger, aspire à reprendre ses habitudes de calme et de travail, qu’ils sèment le trouble et préparent la guerre civile. Le gouvernement fait appel aux bons citoyens pour étouffer dans leurs germes ces coupables manifestations.

Que tous ceux, qui ont à cœur l’honneur et la paix de la cite se lèvent ; que la garde nationale, repoussant de perfides instigations, se range autour de ses chefs et prévienne des malheurs dont les conséquences seraient incalculables. Le gouvernement et le général en chef sont décidés à faire énergiquement leur devoir, ils feront exécuter les lois ; ils comptent sur le patriotisme et le dévouement de tous les habitants de Paris.

De son côté, le général, prenant possession de son commandement, le notifiait, en ces termes menaçants, à la population :

Le président du Conseil des ministres, chef du pouvoir exécutif de la République française, vient de me confier le commandement supérieur de la garde nationale de la Seine.

Je sens tout le prix d’un tel honneur. Il m’impose de grands devoirs : le premier de tous est d’assurer le maintien de l’ordre et le respect des lois et de la propriété.