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NOMINATION DU GÉNÉRAL D’AURELLE DE PALADINES

M. Thiers avait répondu à la déclaration du Comité Central que la garde nationale entendait nommer tous ses chefs, — cette prétention était contestable, mais le moment était-il bien choisi, si l’on avait voulu apaiser et non irriter, pour riposter par une nomination qui, certainement, serait mal accueillie ? — en donnant le commandement supérieur des gardes nationales au général d’Aurelle de Paladines.

Le Mot d’ordre du 7 mars fit suivre la publication du décret des réflexions suivantes :

Le Journal Officiel a enregistré la nomination du général d’Aurelle de Paladines au commandement de la garde nationale. Ses titres ? Les voici : Brutal jusqu’à la cruauté ; il s’est toujours fait détester de ses soldats. Général, il laissa à Orléans ses divers corps dans l’isolement, sans ordres ; il laissa ceux qui s’avançaient livrés à leur héroïsme ; il laissa les marins seuls défendre leurs pièces ; il fit couper les ponts charges de soldats, dont on retrouvait ensuite les cadavres ensevelis dans la glace, et il se retira au moment où, du haut du plateau d’Avron, Paris lui tendait la main. Député, il s’est signalé déjà en se permettant de rappeler aux convenances, dans les bureaux de l’Assemblée, un député républicain de l’Alsace, qui revendiquait pour I Alsace l’appui de la France.

Voilà l’homme que nous envoient, d’un commun accord, les réactions légitimiste, orléaniste, et surtout cléricale.

(Le Mot d’ordre. Henri Rochefort, No du 11 mars 1871.)

Le journal républicain exprimait les sentiments de la population. Ce général n’était pas sympathique, et sa nomination constituait comme un défi à l’opinion, une menace envers la garde nationale. Cette première provocation fut suivie d’une autre, l’apposition d’une affiche comminatoire, dans laquelle le gouvernement faisait allusion à l’enlève-