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sont unanimes pour flétrir la Commune ayant institué un gouvernement nouveau à la place d’un pouvoir disparu, démissionnaire par la fuite, comme celui de Louis-Philippe au 24 février 1848, bien que cette transmission de pouvoirs par la force des choses ait eu lieu, non pas en face, mais à côté de l’armée allemande, une armée qui ne combattait plus, montant seulement la garde pour veiller sur son butin, en attendant qu’on l’eût payée et renvoyée, ce qui ne pouvait manquer d’arriver, quel que fût le régime établi, la Commune, autant que le gouvernement de M. Thiers, devant tenir les engagements pris au nom de la France.

Deux poids et deux mesures, voilà ce dont on se sert dans la balance de la critique, pour peser deux faits à peu près identiques, l’un toutefois, le premier en date, plus discutable, plus inquiétant, à raison de l’état de guerre.

Pour le respect du suffrage universel et de la légalité, les hommes du 4 septembre se montrèrent même beaucoup plus indépendants que ceux du 18 mars. Jules Favre, Trochu, et les autres maîtres de Paris et de la France, ne parurent nullement disposés à faire légaliser, par le suffrage universel, leur dictature. Ils s’étaient improvisés eux-mêmes membres du gouvernement, comme c’est d’ailleurs rationnel et forcé, lorsqu’il s’agit d’une prise inopinée du pouvoir. Leurs prédécesseurs de 48 avaient procédé ainsi. Mais les probes et timorés républicains du 24 février, comme les sincères et honnêtes révolutionnaires du 18 mars, ne se considérèrent qu’investis conditionnellement. Impatients de constituer un gouvernement légal, issu du suffrage populaire, ils consultèrent, à bref délai, les électeurs.

Le gouvernement de la Défense nationale manifesta