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raient enfermés comme dans un camp retranché, à la suite d’un formidable soulèvement. Ils avaient admis qu’il pouvait se produire des troubles, des émeutes, à Paris, mais, en même temps, ils se diraient que le gouvernement aurai promptement raison de ces aventureuses rébellions, comme il avait facilement rétabli l’ordre au 31 octobre et au 22 janvier. À Versailles, on ne ressentirait rien de ces secousses, que les circonstances et l’état des esprits pouvaient faire prévoir, mais nullement redouter.

Des fortes têtes de la réaction, soutenues par des notoriétés du centre gauche et de la gauche modérée, faisaient même remarquer que, si les forces répressives dont on pouvait disposer, en ce moment, semblaient un peu faibles, la convention d’armistice n’ayant permis que le maintien sous les armes de la division Faron, environ 15,000 hommes, avec des gendarmes et la police, on pouvait toutefois compter, comme au 31 octobre, si une insurrection s’allumait, sur les bataillons modérés, pour l’éteindre aussitôt. En grande partie, la garde nationale se composait de bourgeois, de commerçants, d’employés, qui ne voulaient pas le désordre, et, comme en juin 48, ces amis de l’ordre feraient avec ardeur le coup de feu sur les rouges, sur ceux nui voudraient établir la république socialiste.

L’assemblée nationale était donc rassurée, et, par 461 voix contre 154 sur 581 votants, elle décida, dans la séance du 10 mars, de siéger à Versailles. La première séance fut fixée au lundi 20 mars. L’assemblée ne se doutait donc pas qu’elle allait au-devant d’une révolution, et que ses membres ne pourraient pénétrer que par la brèche dans ce Paris, qui leur faisait à la fois peur et envie.

CALCULS ET PROVOCATIONS

L’Assemblée, et vraisemblablement aucun des person-