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Ce comité fut un pouvoir, non pas occulte comme l’a dit faussement M. Thiers, et comme l’ont répète sottement le publicistes d’alors, et aussi les historiens subséquents, mais obscur et débonnaire. Il n’était pas occulte, puisque ce terme veut dire caché, alors que le Comité se montrait, parlait chaque jour dans vingt réunions ; il n’était pas anonyme non plus, puisqu’il couvrait les murs de Paris d’affiches portant les noms de ses membres.

Dès le 4 mars, il publiait le manifeste suivant, expliquant son origine, notifiant à tous son existence, rendant compte, avec un légitime orgueil, de son intervention au moment de l’occupation prussienne :

Le Comité Central de la garde nationale, nommé dans une assemblée générale de délégués, représentant plus de 200 bataillons, a pour mission de constituer la Fédération républicaine de la garde nationale, afin qu’elle soit organisée de manière à protéger le pays mieux que n’ont pu le faire jusqu’alors les armées permanentes, et à défendre, par tous les moyens possibles, la République menacée.

Le Comité Central n’est pas un comité anonyme, il est la réunion de mandataires d’hommes libres, qui connaissent leurs devoirs, affirment leurs droits, et veulent fonder la solidarité entre tous les membres de la garde nationale.

Il proteste donc contre toutes les imputations qui tendraient à dénaturer l’expression de son programme, pour en entraver l’exécution. Ses actes ont toujours été signés ; ils n’ont eu qu’un mobile, la défense de Paris. Il repousse avec mépris les calomnies tendant à l’accuser d’excitation au pillage d’armes et de munitions, et à la guerre civile.

L’expiration de l’armistice, sur la prolongation duquel le Journal Officiel du 26 février était resté muet, avait excité l’émotion légitime de Paris tout entier. La reprise des hostilités, c’était en effet l’invasion, l’occupation et toutes les calamités que subissent les villes ennemies.

Aussi la fièvre patriotique, qui, en une nuit, souleva et mit en armes toute la garde nationale, ne fut pas l’influence d’une com-