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solutions du conflit), est-ce que le fait de substituer, le 4 septembre, au gouvernement impérial, qui était plutôt rassurant pour la Prusse et l’Europe, un pouvoir nouveau, populaire, ayant une renommée et une légende, celles des Républicains de l’An II, inquiétantes pour les dynasties, n’apparaît pas, à distance, plus susceptible d’alarmer et de provoquer à nouveau l’Allemagne, que l’acte simple et logique de remplacer, le 18 mars, M. Thiers en fuite avec ses ministres ? La situation vis-à-vis du gouvernement allemand ne changeait pas du 17 au 18 mars. Le nouveau pouvoir provisoire se recommandait, comme le cabinet en déroute, de la République. C’était donc le même gouvernement de fait. Il déclarait reconnaître et respecter les conventions passées avec l’Allemagne, ratifiées par le vote de l’Assemblée de Bordeaux, le Ier mars 1871. Il n’y avait rien de changé pour les rapports avec le gouvernement allemand, qu’un ministre remplacé. Le 5 septembre apparaît donc comme un acte plus périlleux et plus grave, accompli en face de l’ennemi en armes, que le 18 mars se produisant aussi sous les yeux de ce même ennemi, mais désarmé, ayant renoncé aux hostilités, désireux seulement de voir maintenues et exécutées les conditions de la paix. Au point de vue de la légalité momentanée, les deux insurrections sont pareilles : elles sont également des rébellions justifiables, des voies de fait légitimes.

La partialité de ceux qui ont écrit sur ces événements est donc évidente. Les écrivains, de tous les partis, ne sont pas d’accord pour amnistier le 4 septembre du fait de révolution intérieure en face de l’ennemi, à l’heure d’une invasion en marche, en pleine action de guerre, mais ils