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LIVRE VIII

LE PLAN DE M. THIERS

PARIS ET BORDEAUX DEPUIS LA PAIX

Au moment de l’entrée des Prussiens dans le périmètre urbain dont l’accès avait été accordé, le gouvernement, l’assemblée, les directions administratives, les autorités civiles et militaires se trouvaient loin de Paris. En cet instant critique et douloureux, Paris avait été livré à lui-même. Il était devenu, de fait, Ville Libre. Paris s’était donc gardé et gouverné lui-même, étant comme abandonné par ses chefs, par ceux qui avaient l’autorité et la responsabilité. Ce n’est là ni un reproche au gouvernement, ni un grief contre l’assemblée. Ces deux forces, ces deux moitiés de l’autorité française, au milieu du désarroi général étaient, par la force des choses, absentes ; elles semblaient inexistantes, retenues à Bordeaux. Paris se sentait toujours aussi isolé de la province qu’à l’époque du siège. Pour la mentalité parisienne, et quand on emploie ce terme ou tout autre analogue se rapportant à l’agglomération séquanaise, il est entendu qu’on y comprend l’élément immigré, établi, acclimaté, fourni par tous les départements, la privation de gouvernement est une éventualité qui paraît tellement inadmissible qu’elle confine à l’absurde et à l’invraisemblable. Pour