Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

général de satisfaction, en apprenant, en constatant, que rien ne s’était passé durant cette nuit lourde d’inquiétudes. Paris reprit son agitation matinale coutumière. Les nécessités de la vie exigeaient la reprise de la routine quotidienne : le lait, déposé et mis à chauffer, le pain attendu, les soins domestiques, la toilette des enfants, toutes ces besognes familières remplirent les premières heures. Les ménagères s’en furent aux provisions, et les hommes aux nouvelles. Tout demeurait calme.

On apprit que les préliminaires de paix avaient été votés à Bordeaux, le mercredi Ier mars, et que M. Thiers, avec Jules Favre, devait être en route pour Versailles, porteur des doubles du traité, car Bismarck avait eu cette dernière exigence, de ne pas se contenter des dépêches de Bordeaux annonçant le vole ; il avait voulu posséder le procès-verbal avant de rien ordonner pour l’évacuation. Il serait dans la soirée certainement nanti des documents réclamés. Les ratifications furent échangées dans la journée du 2, et à six heures tout était terminé, les dernières dispositions pour l’évacuation étaient prises à Versailles. Les Prussiens devaient donc vider le sol parisien. Ce fut un grand contentement dans tous les quartiers de la ville.

À Versailles, on était beaucoup moins satisfait. On avait compté sur des lenteurs parlementaires, sur des discussions longues, des renvois à la commission, des amendements peut-être à discuter, et à soumettre à Bismarck avant de les retourner, approuvés ou refusés, à l’Assemblée. Tout cela dans la pensée de l’état-major impérial, devait prendre un certain temps, au moins une huitaine. On aurait donc e temps de voir Paris, ou du moins la partie de la ville autorisée. Quelques officiers, en traversant le jardin des Tuileries, interdit au public, avaient pu, par les galeries du Louvre, parcourir le musée, et gagner la colonnade, d’où