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soldats de toute nation font la guerre, et ne l’ont pas engagée. Quelques escouades déjà cuisinaient la popote. Des Bavarois, accroupis sur la bordure du trottoir de l’allée centrale des Champs-Elysées, fumaient leurs pipes de porcelaine, à tuyaux courbes, indifférents, un peu somnolents. Des cavaliers, cantonnés sur le Cours-la-Reine, menaient, avec un contentement épais, leurs chevaux boire à la Seine. Un épisode à raconter plus tard, de retour aux bords de la Sprée. Sur la place de la Concorde, des bottes de paille étaient distribuées et étendues pour le bivouac de la nuit.

À trois heures seulement, le gros des troupes (IIe corps bavarois, Ier et IIe corps prussiens) fit son entrée, revenant de la revue de Longchamps : six régiments de chasseurs bavarois, deux batteries d’artillerie prussienne, trois régiments d’infanterie prussienne, dont un de la garde royale, un escadron de hussards de la Mort, un escadron de dragons prussiens, un régiment de ulhans bavarois. Un escadron de cuirassiers blancs escortait un état-major brillant et nombreux.

À quatre heures, le pavillon tricolore de l’Allemagne, noir, blanc, rouge, fut hissé sur l’hôtel de la Reine Christine, près l’Arc-de-Triomphe (depuis Hôtel Basilewski), et des pièces de canon furent braquées, deux sur chaque avenue rayonnant de la place de l’Étoile.

Des barrages avaient été établis à l’entrée de toutes les rues débouchant sur les Champs-Elysées. La consigne était donnée de ne laisser franchir les barrages à aucune personne en uniforme, soldat, marin, garde national. Les civils pouvaient circuler librement. Quelques-uns eurent la fantaisie d’aller regarder les Prussiens, sous le nez. Des femmes, peu intéressantes, furent l’objet des lazzis et des rebuffades des passants. Il y en eut de fouettées, comme l’avait été jadis Théroigne de Méricourt ; d’autres furent