arrivant par l’avenue de l’Impératrice, contournèrent l’Arc-de-Triomphe, pour entrer dans les Champs-Élysées. Quant aux Bavarois, ils prirent l’avenue des Acacias, l’avenue de la Grande-Armée, et sans se détourner ils passèrent sous l’Arc-de-Triomphe.
(Nouveau Journal d’un officier d’ordonnance, par le comte d’Hérisson. Paris, Ollendorff, 1889, pp. 12 et 13.)
L’aspect de Paris fut lugubre durant cette journée néfaste. Presque partout les boutiques étaient closes comme en un jour de décès. Plusieurs magasins portaient une bande de papier sur laquelle on lisait : « fermé pour cause de deuil national ». Quelques débits de boissons gardaient leurs portes seulement entrebâillées. De rares consommateurs s’v glissaient, plutôt pour avoir des nouvelles, pour échanger des réflexions, que pour boire. Un bruit de billes choquées, chez un débitant ainsi à demi fermé, révélèrent la présence de joueurs dans la salle de billards au premier étage. On monta, et on pria les joueurs de cesser leur partie ce qu’ils firent aussitôt, soumis et penauds. Pas de voitures sur les chaussées ; des passants isolés sur les trottoirs, filant d’une allure pressée. Nulle livraison de marchandises. Plus de transactions. Dans les restaurants et les débits de tabac, demeurés entr’ouverts, les clients pénétraient, l’allure hâtive, comme des voyageurs dans un buffet de gare. Les journaux n’avaient pas paru. La ville entière prenait l’aspect d’une immense maison mortuaire, dans l’attente du départ du corps. Une palpitation sourde, derrière les volets mis et les persiennes fermées, dénotait seulement que toute la vie ne s’était pas retirée de Paris, que le cœur battait encore, et indiquait que, la syncope passée, il reprendrait sou mouvement vital.
Les soldats allemands cependant s’étaient installés silencieusement, et en bon ordre, dans les Champs-Élysées. On les logeait sans empressement, mais sans grossièreté. Les