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prenait la parole, il donnait des ordres, il était écouté, il était obéi ; il tenait Paris, mais la France devait lui échapper.

Le 28 février 71 est la date que devrait porter la grande insurrection parisienne. Il y eut, ce jour-là, un pouvoir nouveau, accepté, respecté, aux lieu et place de Thiers, de Vinoy, pouvoirs déchus, méprisés et remplacés à cette date.

Le Comité Central, dont les pouvoirs furent seulement votés et notifiés le 3 mars, au Waux-Hall, dès le jour de l’entrée des Prussiens dans Paris, faisait son entrée dans l’histoire.

LES PRUSSIENS A PARIS

L’occupation limitée de Paris avait été une condition humiliante, mais avantageuse, de l’armistice et par conséquent de la paix. Ce fut la rançon de Belfort. « Ou mes troupes garderont Belfort, ou elles entreront dans Paris », avait dit Bismarck, et comme Jules Favre et Thiers tentaient d’adoucir la rigueur de cet ultimatum, Bismarck avait ajouté avec une sorte de bonhomie hautaine : « Mettez-vous à ma place, messieurs, quand je serai de retour en Allemagne et qu’il m’arrivera de rencontrer un de mes vétérans, si ce vieux brave, me montrant son membre mutilé, me dit : tu es revenu avec tous tes membres, toi, moi je reviens invalide du siège de Paris, et tu ne m’as même pas fait voir cette ville qui m’a coûté mon bras ! » Bismarck ne voulut donc rien entendre et les négociateurs durent céder.

M. Thiers a raconté en termes colorés cette émouvante négociation :

Une chose avait été très débattue entre le roi de Prusse, M. de