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de conjurer un conflit aussi imminent, ni de faire supporter la présence des Allemands. Ces inconnus montrèrent, pour la première fois, leur force ; elle était irrésistible, parce qu’elle ne provenait ni de la notoriété, ni de la fonction, ni des services antérieurs. Ces nouveaux venus, qui, soudainement, commandaient au peuple, et lui parlaient comme ayant reçu de lui mandat et pouvoir, furent écoutes, obéis. C’est que ces 29 prolétaires étaient les représentants directs et autorisés de Paris, dont on les reconnaissait maîtres, parce qu’ils disposaient de la seule force existante alors, celle de l’armée, c’est-à-dire la garde nationale. Cette garde nationale avait le pouvoir, était le pouvoir. Ainsi les logions de César, les grenadiers de Bonaparte, les Cosaques de Louis XVIII, les régiments gagnés de Louis-Philippe, les légions réformistes de 48, les soudards de Saint-Arnaud, imposèrent et maintinrent l’autorité suprême. Il ne faut, pas se payer de mots. Tout sans doute à Paris depuis la capitulation jusqu’à l’entrée des troupes de Versailles dans Paris, se fit au nom du Peuple. Mais le peuple n’était qu’une formule exécutoire, le peuple n’était rien : la garde nationale était tout.

Le Dix-Huit Mars fut un épisode, un incident imprévu, commencé en bagarre et achevé en révolution provoqué par la fuite du gouvernement existant, mais la Révolution était faite le jour où la garde nationale se fédérait, formait une armée, devenait maîtresse de la ville et de l’autorité.

Le manifeste aux Parisiens, pour leur ordonner de rester tranquilles pendant les heures de l’occupation prussienne, fut la proclamation du nouveau règne. Le Dix-Huit Mars fut la conséquence logique et inévitable du pronunciamiento républicain du 28 février, où l’armée parisienne notifiait son avènement au peuple, au gouvernement, à la France entière. Le Comité Central existait donc. Il se révélait, il