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Toute attaque, disait cet appel, servirait à désigner le peuple aux coups des ennemis, qui noieraient les revendications sociales dans un fleuve de sang. Nous nous souvenons des journées de juin…

Citoyens, toute agression serait le renversement de la République !

Il sera établi tout autour des quartiers que doit occuper l’ennemi une série de barricades, propres à isoler complètement cette partie de la ville. La garde nationale, de concert avec l’armée, veillera à ce que l’ennemi ne puisse communiquer avec les parties retranchées de la ville.

Suivaient les signatures, qu’il est intéressant de reproduire : Alavoine, Bouit, Frontier, Boursier, David, Boisson, Barroud, Gritz, Tessier, Ramel, Badois, Arnold, Piconel, Audoynaud, Masson, Weber, Lagarde. Laroque, Bergeret, Pouchain, Lavalette, Fleury, Maljournal, Chouteau, Cadaze, Castioni, Dutil, Matté, Ostyn.

Cette affiche parut encadrée de noir. Elle produisit un grand effet. Aucune collision n’éclata. Mais cette proclamation eut aussi cet effet de révéler aux gens clairvoyants l’existence et la puissance du Comité Central, dont on voyait pour la première fois la composition. Pas un de ces 29 noms obscurs n’avait de passé ni de signification. On ne connaissait pas ceux qui les portaient, en dehors du cercle étroit où vivaient, travaillaient, parlaient et organisaient ces citoyens modestes et nouveaux. Ils devaient par la suite figurer à plusieurs reprises, avec des additions et des suppressions, sur les proclamations et les affiches. Ces noms de citoyens ignorés eurent plus d’action, plus d’autorité sur la population que ceux des chefs de bataillon, des membres de l’Internationale, des orateurs de réunions publiques, des présidents de clubs, des journalistes et des condamnés politiques. Blanqui, Flourens, Delescluze, tous les chefs connus et reconnus, n’auraient peut-être pas eu le pouvoir