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sante, se portèrent aux Champs-Élysées, comme s’ils allaient au-devant des Prussiens. Des gardes nationaux envahirent la caserne de la Pépinière, s’efforçant d’entraîner les marins qui s’y trouvaient cantonnés. D’autres, se souvenant qu’il y avait à Sainte-Pélagie, des prisonniers politiques, forcèrent la porte de la prison et délivrèrent l’ex-commandant Brunel et Piazza, détenus à la suite du 22 janvier.

LE COMITÉ CENTRAL ORDONNE LE CALME

Un mouvement se dessinait, mais une certaine hésitation se produisit bientôt. Des voix raisonnables s’élevaient et étaient écoutées, dans les groupes. On se félicitait d’avoir repris les canons, et de les avoir mis à l’abri, à Montmartre, mais on réfléchissait à la témérité d’une résistance armée à l’entrée des Prussiens, d’un obstacle apporté à l’occupation concédée. On songeait au bombardement certain, et à la tuerie, qui accompagneraient la collision avec les ennemis, maîtres des forts. Les avis prudents l’emportèrent presque partout. Du moment qu’il n’y avait pas unanimité pour une bataille dans les rues, c’eût été folie que de la tenter. Même avec l’unanimité, cette résistance eût-elle été raisonnable ?

Le Comité Central le comprit ainsi. Les membres, chargés de rédiger les statuts de la Fédération, se trouvaient convoqués à la mairie du IIIe arrondissement. Quelques commandants inclinaient vers la bataille, ainsi que les membres de l’Internationale, réunis à la salle de la Corderie du Temple. Mais les délégués, qui disposaient des bataillons, firent entendre le langage de la raison. Une affiche fut rédigée, et affichée aussitôt. Elle était ainsi conçue :

Citoyens ! Le sentiment général de la population paraît être de