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généreux mais insuffisant. On était tranquille, cependant, et l’on ne songeait nullement à inquiéter le gouvernement impérial, parce que l’on avait des soldats de profession, dont le métier était de se battre pour la nation et de lui gagner des batailles. Les habitants se réservaient ensuite la tâche de célébrer par des drapeaux aux fenêtres, des lampions dans les rues, et des vivats sur les boulevards, les exploits des troupiers, faisant leur rentrée comme de bons ouvriers en victoires, la tâche finie.

Personne, dans l’ensemble du pays, ne se préoccupait donc, avant la déclaration de guerre, de renverser, ni même de combattre le régime existant. Les complots sans importance, sans réalité souvent qu’on avait bruyamment découverts, et dont les auteurs parmi lesquels se trouvaient, selon la règle, des policiers, n’avaient fait que mettre en lumière le petit nombre et l’impuissance des gens qui souhaitaient une révolution. Si quelques ardents et prématurés républicains, dès les premières mauvaises nouvelles venues de l’Est, osèrent proposer de jeter bas l’empereur déjà chancelant et tentèrent de donner une vigoureuse poussée à l’empire, déjà ébranlé par les surprenantes défaites du début, les plus influents conseillers, les plus autorisés dans le pays, répondaient que, si la sagesse paysanne veut qu’on ne change pas de chevaux quand on traverse un gué, à plus forte raison ne doit-on pas changer de gouvernement au milieu d’un combat.

Les hommes du 4 septembre, dont cette guerre inattendue avait dérangé les combinaisons de sociétés secrètes, d’agitations populaires, de clubs, de bombes ou de petites balles, avaient plutôt l’inquiétude d’apprendre une grande.