Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réunies en vertu de la décision ci-dessus, désigneront un chef, tour le cas où le leur ne marcherait pas avec elles. Il en sera même pour les bataillons.

Les délégués du Comité Central se rendront ensuite à leur lieu de réunion pour y former un centre d’action.

La séance est levée à six heures, et les deux mille délégués présents se dirigent vers la Bastille, pour rendre hommage aux martyrs de 1830 et de 1848.

(Le Mot d’Ordre, 29 février. 1871.)

La séance levée, par les boulevards populaires du Temple et Beaumarchais, entre une haie curieuse et sympathique de passants arrêtés, de voisins accourus, de boutiquiers sur le pas de leur porte, se déroula la longue procession des gardes nationaux sans armes, quittant la réunion où venait d’être organisée la Fédération des bataillons, et approuvée la motion de résister à l’entrée des Prussiens.

Ce fut un intéressant spectacle que celui du pèlerinage républicain et patriotique, qui commença ce jour-la et continua les jours suivants, à la colonne de la Bastille. Paris a deux colonnes commémoratives : la première, la plus ancienne, dite colonne Vendôme, élevée sur la place de se nom, en l’honneur de la Grande Armée, et plus spécialement consacrée à la gloire de Napoléon, dont l’image, sous des costumes différents, la redingote grise ou le manteau de César romain, selon les époques, surmonte le fût de pierre enveloppé d’une bande de bronze provenant de canons pris à l’ennemi ; la seconde est la colonne de la Liberté, dite colonne de Juillet, érigée place de la Bastille, dont le fût, entièrement de bronze, porte à son sommet en génie ailé, brandissant des chaînes brisés, et secouant la flamme de métal d’un flambeau, œuvre élégante du sculpteur Dumont, qui s’est inspiré du Mercure, à l’admirable envolée, de Jean de Bologne. Cette colonne a un caractère funèbre