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explique le but de la réunion. Il s’agit de réunir dans un immense faisceau la grande famille qui s’appelle la garde nationale de Paris, jusqu’à ce jour malheureusement divisée. Il lit une ébauche de statuts : l’idée républicaine domine dans chacun des articles. En voici le sens : la garde nationale ne reconnaît pas d’autre forme de gouvernement que la république. La garde nationale doit être, dans l’avenir, la seule armée de la France. Elle nomme à l’élection tous ses chefs, depuis le caporal jusqu’au général en chef. Le citoyen Chauvière[1] déclare qu’il adhère à ces idées. Il annonce que le lendemain chaque compagnie du XVe arrondissement nommera deux délégués chargés de la représenter au comité définitif central de la Garde Nationale.

(Le Mot d’Ordre, n° daté du 18 février 1871.)

On voit par cet extrait combien sérieusement s’accomplirent les diverses élections pour la composition du futur Comité Central.

L’idée de grouper les bataillons de la carde nationale, et d’établir entre eux un lien de solidarité, susceptible de constituer, à la fois, un obstacle aux projets réactionnaires de la majorité rurale, et une sauvegarde pour la République, s’était présentée déjà à plusieurs esprits. L’obscur commerçant Courty l’avait le premier réalisée, en organisant et en présidant les deux réunions au Waux-Hall. Mais les préoccupations électorales avaient paru dominer dans la pensée des premiers adhérents. Dans divers arrondissements, notamment dans le XVe, on avait, comme l’indique le procès-verbal cité plus haut, proposé la forme d’une fédération. Chalain, membre de l’Internationale, avait appuyé la motion et demandé l’envoi d’un appel en ce sens aux divers bataillons.

Un groupe, qui prit le titre de « Comité fédéral républi-

  1. Chauviere (Emmanuel-Jean-Jules), né à Gand (Belgique) de parents français, 18 août 1850, correcteur d’imprimerie, mort en 1909 ; publiciste condamné sous l’Empire, et après la Commune à 5 années de prison ; conseiller municipal de Paris, député du XVe arrondissement.