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Ces fusils, laissés à des gens remuants et mécontents, l’inquiétaient sérieusement, mais on verrait plus tard. L’Assemblée réunie, la paix signée, les Prussiens éloignés de Paris, on aviserait, on pourrait sans doute alors procéder, tranquillement, à la rentrée dans les arsenaux de l’État de ces fusils désormais inutiles, et qui pouvaient devenir dangereux. Il insista donc, Bismarck ne fit plus d’objections, et la clause fut insérée.

La garde nationale armée, c’était une force considérable mise à la disposition d’un mouvement insurrectionnel toujours possible, mais ce n’était pas suffisant, comme sauvegarde, pensaient ceux que les dispositions réactionnaires du gouvernement et la composition de la nouvelle assemblée alarmaient. Il fallait mieux que la conservation des fusils par des compagnies sans lien, sans union, pour mettre la République à l’abri d’un péril imminent. Cette force éparse de la population armée devait être rassemblée, organisée, disciplinée. Il lui fallait des chefs nommés par elle, des chefs sûrs, au républicanisme avéré. On devait pouvoir la rassembler promptement pour une action commune, la tenir dans la main. De là vint, à quelques citoyens d’initiative, l’idée de grouper les bataillons séparés, de faire de ces compagnies sans relations entre elles un faisceau formidable. La période électorale parut une occasion propice. Une réunion fut organisée par le journaliste-conférencier Henri de la Pommeraye. Elle eut lieu au Cirque d’Hiver, sous la présidence d’un commerçant du IIIe arrondissement (Arts et Métiers — Saint-Merri) nommé Courty. Ce n’était ni un révolutionnaire, ni même un militant notoire, et cet actif citoyen s’effaça, après avoir joué pendant trois semaines le rôle important de promoteur de la Fédération de la garde nationale.

Après avoir arrêté une liste de candidats dans cette réu-