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Envisageant la cession des deux provinces, l’illustre auteur du Génie des Religions s’écrie éloquemment :

L’Alsace et la Lorraine font partie intégrante de la France. Vous n’avez pas le droit de dire à des compatriotes : Vous êtes Français aujourd’hui, demain vous serez Prussiens. Sur quoi se base l’Allemagne pour prendre nos provinces françaises ?

L’Alsace et la Lorraine ne sont pas des positions agressives contre l’Allemagne, c’est évident, et la guerre actuelle l’a démontré… L’Alsace et la Lorraine sont les boulevards de la France ; ôtez-les lui et l’ennemi débouche dans les plaines de la Marne, il est le maître de Paris. La Prusse veut non pas notre déchéance, mais notre anéantissement. Nous devons donc repousser le traité de paix, puisqu’il détruit le présent et l’avenir de la France. »

LA DÉCHÉANCE DE NAPOLÉON III

Un incident se produisit alors, qui fournil l’épitaphe légale du régime impérial, défunt depuis la guerre et la révolution du 4 septembre. Ce fut comme l’amende honorable d’une assemblée amenée à voter une paix désastreuse.

M. Bamberger, député de la Moselle, avait succédé à Edgar Ouinet et adjurait l’Assemblée de repousser la paix. Il ajoutait : « Un seul homme aurait dû signer un pareil traité : Napoléon III, dont le nom sera éternellement cloué au pilori de l’histoire ! »

Des bravos éclatent sur tous les bancs. L’Assemblée était rétrograde, cléricale, pacifique et trembleuse, en grande majorité, mais nullement bonapartiste.

Alors une protestation s’élève. C’est M. Conti, député de la Corse, l’ancien secrétaire de l’impératrice, qui l’a formulée. Une agitation suit ses paroles, mal entendues. On somme l’interrupteur de venir s’expliquer à la tribune.

M. Bamberger cède la parole à M. Conti. Celui-ci, au