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cosmopolites, que les séances de l’Assemblée avaient réunis, allaient manger des huîtres au bord du bassin pittoresque. Les Bordelais flânaient, comme à l’habitude, plus empressés pourtant à sourire aux jeunes femmes passant et repassant par les allées de Tourny. Beaucoup de ces frivoles promeneuses venaient de loin, attirées par la présence d’hôtes certainement disposés à la dépense. Cet élément féminin exotique variait la monotonie du programme des distractions provinciales. Le temps était doux et clair. Un soleil joyeux dorait les physionomies, égayait les édifices. La nature, indifférente à nos deuils comme à nos félicités, est sombre un soir d’épousailles et rit le matin d’un enterrement.

Quand la commission des Quinze eut fini son examen et que M. Victor Lefranc, nommé rapporteur, eut achevé son travail, la séance fut ouverte. Il était quatre heures et quart. Jules Grévy occupait le fauteuil. Le baron de Barante, l’un des secrétaires, donna lecture du procès-verbal de la séance du 13 février, qui fut adopté. M. Thiers monta immédiatement après à la tribune.

Il demanda à la Chambre l’urgence pour la discussion et le vote du traité qu’il apportait, et dont M. Barthélémy Saint-Hilaire donna lecture.

L’urgence fut combattue par MM. Varroy, Millière et Tolain. M. Tolaiu, député de Paris, et l’un des fondateurs de l’Internationale, déclara « honteuse » la proposition. On ne pouvait, dit-il, voter sans une délibération approfondie. M. Thiers remonta à la tribune. Il déclara que la proposition faite par le gouvernement n’était pas honteuse. S’il y avait de la honte, c’était pour ceux dont le vote, à toutes les époques, avait contribué à la ruine du pays. L’Assemblée vota l’urgence.

La réunion dans les bureaux eut lieu à neuf heures du