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paiements en échange desquels l’envahisseur devait évacuer successivement les portions de territoire occupées, les Allemands ne pouvaient espérer aucun bénéfice du soulèvement, et la révolution, la guerre civile ne leur procuraient nul avantage militaire.

Il en était différemment au 4 septembre. Le renversement de l’empereur Napoléon III, prisonnier en Allemagne, déchu en France, fournissait aux victorieux ennemis un avantage militaire et moral incontestable, un prétexte à poursuivre leur invasion, à repousser toute proposition de paix, à chercher tous les profits, même les plus injustes et les plus exorbitants de la victoire, comme ils n’ont pas manqué de le faire.

La plupart des historiens et des polémistes, qui reprochèrent à la Commune de s’être organisée en présence de l’ennemi, ont, avec partialité, négligé d’adresser le même reproche au gouvernement du 4 septembre. La situation comportait pourtant un blâme pire pour les insurgés bourgeois, qui profitaient du désastre de Sedan pour changer l’attelage gouvernemental. Ces avocats et ces professeurs, chefs de l’opposition sous l’empire, furent sourds à la menace du canon prussien se rapprochant, indifférents au désarroi qu’une révolution politique accomplie à Paris, à la veille d’être muré et isolé du reste de la France, pouvait propager dans les départements non envahis. Ils dédaignèrent le danger d’indisposer ou de décourager, en plein combat, généraux et fonctionnaires attachés au régime existant. Bravant la résistance des populations qui pouvaient avoir conservé des sentiments de fidélité instinctive, de reconnaissance personnelle, ou des intérêts particuliers, leur faisant