Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/209

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pompeusement, à la tribune ou dans les journaux, contre la paix, c’était une manifestation qui passait pour honorable, et devait procurer de la popularité, voire des suffrages dans l’avenir, mais si la majorité, par une surpris e parlementaire, se fût trouvée du côté des partisans de la guerre, combien eussent déploré leur attitude fièrement belliqueuse, combien auraient regretté d’avoir été écoutes et suivis !

Quant aux nombreux citoyens, à Paris, à Lyon, sur tous les points du territoire, qui ne faisaient point de calculs, et qui par enthousiasme, par sentimentalisme, ou par tempérament combatif, maudissaient la paix et réclamaient la guerre, les événements leur eussent vraisemblablement vite donné tort. Il est probable que si l’Assemblée Nationale eût décidé de refuser les conditions de l’Allemagne et eût voté la reprise des hostilités, le pays n’aurait pas ratifié son vote : alors les Prussiens seraient devenus les maîtres, sans résistance et sans conditions. Ce n’est pas calomnier notre malheureux pays que d’envisager cette éventualité que les circonstances faisaient, hélas ! trop réalisable. En pesant de sangre-froid les choses, on doit reconnaître qu’en déplorant les termes de la capitulation de Paris, qui ont désarmé la France et l’ont livrée abattue a Bismarck et à Thiers, l’acceptation du traité imposé par l’Allemagne était à peu près inévitable, une carte forcée. La France sauf une minorité, avait pu accepter la guerre en 1870, elle ne paraissait plus capable den accepter les conséquences extrêmes en 1871.

LES PRÉLIMINAIRES DE PAIX. DISCUSSION DANS LES BUREAUX

Les préliminaires de paix avaient été arrêtés et signés à