Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

magne valide ne se vidât pour occuper la France le succès était sûr. C’était la méthode qui avait réussi à Benito Juarez, et que notre ancien ennemi, réconcilié et sympathisant à la suite de nos malheurs, conseillait, dans une lettre intéressante adressée à un ami, combattant pour nous dans la légion des Amis de la France.

Cette lettre. (voir aux notes et éclaircissements à la fin du volume) ne fut publiée que tardivement. Il est vrai que, communiquée plus tôt, les gens de la Défense n’en eussent tenu nul compte : les Trochu, les Jules Favre le Ducrot ne voulaient qu’une défense à leur façon, devant aboutir fatalement à la défaite et à la capitulation.

Ainsi, d’après l’opinion d’un homme comme Juarez qui avait fait ses preuves en matière de résistance nationale, et nui avait sauvé son pays, la lutte était possible pour nous, avec le succès au bout, c’est-à-dire l’évacuation forcée de notre territoire, mais à des conditions qui eussent paru impossibles à la plupart de ceux qui étaient les maîtres de nos destinées.

La majorité du pays était-elle prête à ces sublimes sacrifices que la continuation de la guerre eût exiges ? Qui pourrait l’affirmer ? Qui eût osé, à Bordeaux, se porter garant de cette volonté opiniâtre et tenace, qui eût propose de soutenir jusqu’au bout une lutte d’extermination ?

Il est certain qu’en poussant les choses à l’extrême, cette hypothèse d’une guerre à outrance aurait pu se réaliser, et cela presque malgré nous, par la volonté même des Prussiens. Si les vainqueurs n’avaient pas prudemment imité leurs exigences, s’ils avaient exigé la cession, non plus de trois, mais de dix, mais de vingt départements avec une rançon de cinquante milliards, donc impossible à fournir et si par conséquent ils avaient entendu, jusqu’au parfait paiement, prolonger l’occupation avec leurs troupes en sub-