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où, sauf Metz et Paris, Bazeilles et Châteaudun, elles n’avaient trouvé que villes ouvertes, campagnes dégarnies, autorités complaisantes et populations résignées.

La France n’avait pas tout son sol envahi. Une partie de la Normandie, la vaillante Bretagne, l’héroïque Vendée, le Bocage, le Poitou, toutes ces contrées où sont faciles la guerre défensive, le combat derrière les haies, la lutte par petites bandes susceptibles de retarder, d’arrêter de grandes masses armées n’ayant pas la possibilité de se déployer, gênées pour tirer parti de leur nombre, toutes ces régions de l’ancienne chouannerie étaient intactes. La solide Auvergne, donjon national, pouvait servir de camp retranché, inexpugnable. Tout le Midi, qui parlait volontiers de se lever en masse, n’avait pas souffert de l’invasion. On le prendrait au mot. Il finirait, le sentiment de la conservation aidant, par bouger. Paris avait capitulé, mais il renfermait des combattants nombreux encore, déjà aguerris, endurcis par le siège. Ces troupes volontaires, inutilisées par Trochu, pouvaient s’évader de la capitale, amener leurs meilleurs contingents. Ces bataillons parisiens, renforçant l’armée de Chanzy, devraient retenir de longs mois les Prussiens dans l’Ouest et au Centre. La marine, qui n’avait été que d’une utilité relative, car les marins, débarqués, avaient fait le coup de feu des fantassins, disposait encore de réserves fraîches. L’argent ne manquerait pas. Les vivres, dans les territoires non occupés, étaient abondants. Des Cévennes aux Pyrénées, on pouvait recruter, armer, lancer, deux millions de citoyens résolus à mourir pour la défense de la patrie…

C’eût été alors sans doute la guerre qu’ignorent et méprisent les professionnels de la destruction. Ils la redoutent aussi. On eût alors assisté à la résistance désespérée, à la guerre sainte, comme la proclament les musulmans. C’eût