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sans chimérique illusion, d’examiner la question de savoir s’il était possible de lutter encore après la déroule de l’armée de l’Est, due à l’inouïe aberration de Jules Favre, après la défaite de l’armée de la Loire, due à l’inexpérience des mobilisés, après la capitulation de Paris et la reddition des forts, dues à la famine, et après l’immobilisation de l’armée parisienne, ligne, corps francs, mobiles et cardes nationaux, tous, prisonniers de guerre, due à la convention d’armistice.

En examinant froidement la situation réelle des forces militaires existantes, et à créer, en faisant état des corps d’armée qu’il était possible de réunir encore, en évaluant seulement les ressources matérielles de la France, au moment de la discussion des préliminaires de paix, on peut hardiment répondre qu’au prix sans doute de nouvelles et pires souffrances, et en sacrifiant un nombre considérable d’existences, la lutte était encore possible : l’invasion allemande aurait pu se terminer comme les précédentes invasions françaises en Russie, en Espagne, au Mexique.

On avait une vaste étendue de territoire non occupé, qui avait peu souffert de la guerre, qui n’avait éprouvé que la répercussion des désastres, de la disette du siège parisien, et dont les populations, si elles consentaient à se lever et à s’armer, pouvaient obliger les Allemands à disséminer leurs troupes, à faire face à vingt, à cent foyers de résistance, à s’affaiblir, par conséquent. Leurs meilleurs soldats, les troupes actives et de première ligne, avaient été considérablement entamées. Elles étaient en grande partie épuisées, lassées, impatientes de déposer les armes, désireuses de reprendre la route de leur pays. Elles n’eussent pas apporté, dans une guerre de défense simultanée sur vingt points distants de notre pays, le même entrain, la même énergie, dont elles avaient fait montre durant la première partie de la campagne, où elles avaient rencontré si peu d’obstacles,