Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les partisans de la continuation de la guerre étaient en réalité peu nombreux, mais plus bruyants et presque provocateurs. Presque tous les députes avancés élus par Paris étaient avec eux. Ils reprochaient aux amis de la paix leur facilité à accepter la défaite, leur résignation trop prompte et leur soumission, peu digne, aux ordres du vainqueur ; quelques-uns, ceux qu’on nommait les vieilles barbes de Quarante-Huit, évoquaient avec une emphase trop cabotine les souvenirs de l’antiquité.

« Les Romains, disaient-ils, ne consentaient à traiter que lorsque l’ennemi avait quitté leur territoire ! » Mais où étaient les sénateurs de Rome ? Pas à Bordeaux, assurément.

Ces orateurs de l’irrédentisme français affirmaient que la France avait encore des hommes, des ressources, de l’énergie. Ils soutenaient, et non sans apparence de raison, qu’on aurait pu se montrer moins disposé à traiter, faire montre de résistance, et déclarer, non pas qu’on était prêt à tout accepter, mais à tout refuser. On eût certainement sauvé Metz en tenant le poing fermé. On tendait trop bénévolement la main ouverte à Bismarck, qui s’empressait de répondre à cette manifestation amicale en redoublant ses prétentions, en se montrant sourd à toutes les argumentations de Thiers, indifférent à toutes les jérémiades de Favre.

LA RÉSISTANCE ETAIT-ELLE POSSIBLE ?

À quarante ans de distance, et bien que la plaie soit encore saignante, puisque, ni en France ni en Allemagne, on n’a rien offert, rien tenté pour la cicatriser, ou pour faire revivre la chair mortifiée, il est permis, sans forfanterie.