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naires de paix. La vérification des pouvoirs, l’élection du chef du pouvoir exécutif, la constitution du cabinet, et la nomination des commissaires pour l’examen des conditions de la paix, c’était le lever de rideau inévitable. Le drame allait se dérouler avec le débat public sur « les préliminaires de paix ». On remarqua ce terme employé par tous, députés, journalistes, diplomates, et qui passait dans le langage courant du pays. On semblait, en l’employant, ne pas envisager d’autre issue aux négociations que la paix. L’éventualité de la continuation de la guerre, du refus de la paix onéreuse et humiliante, ne semblait pas même admissible. La démission de Gambetta, provoquée par les agissements de Jules Simon, par la désapprobation du gouvernement de Paris, prouvait visiblement qu’on était prêt à subir sans résister, autrement qu’avec des phrases mélodramatiques et des larmes théâtrales, les dures volontés de Bismarck.

La reprise des hostilités était une hypothèse aussitôt écartée qu’elle se présentait à l’esprit. Les conditions de la paix, consistant principalement dans la cession de l’Alsace-Lorraine, apparaissaient à tous comme dépassant les pires prévisions, mais que faire ? À ceux qui s’indignaient, on demandait s’ils avaient un moyen de soustraire la France au démembrement exigé. Pouvait-on imaginer la continuation de la guerre ? À Paris, mais non pas à Bordeaux, on trouvait peut-être des gens pour supposer cette folie ! Sauf quelques patriotes convaincus et irréductibles, qui passaient pour des dons Quichottes, l’épithète la plus injurieuse qui soit, sauf aussi quelques aigrefins de la députation, qui redoutant un vote pacifique, plus tard reproché, ayant d’ailleurs la certitude que le traité consacrant le démembrement serait voté, et exécuté, sans leur signature, comptaient bien que leurs collègues n’auraient pas leur prévoyante