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donné de s’organiser, de se transformer en système gouvernemental régulier.

Elle avait, cependant, les mêmes éléments de vitalité et de continuité que les soulèvements antérieurs, mués en gouvernements ordinaires, en régimes, acceptables et acceptés. Les coulées volcaniques deviennent, avec le temps, fermes, arables, fertiles, et portent bientôt des vignes, des moissons, des cités. Mais il faut laisser s’accomplir le refroidissement des laves. Les gouvernements les plus calmes que la France ait eus, depuis un siècle, ne sont-ils pas issus d’éruptions ? Le trône bourgeois de Louis-Philippe a été fait des débris fumants des barricades de juillet 1830. Ainsi notre troisième République a eu pour berceau l’Hôtel-de-Ville envahi par les émeutiers du 4 septembre 1870.

On peut même dire que, sous le rapport de la légalité de l’origine, et pour la légitimité de la naissance, les deux gouvernements qui ont succédé au régime impérial se valent.

Le 4 septembre fut, comme le 18 mars, une insurrection en face de l’ennemi. La gravité relative de cette guerre civile, proclamée sous les canons des Allemands vainqueurs, était renforcée par ce fait qu’au 4 septembre la guerre continuait, qu’on se battait en Lorraine et dans le Nord, tandis qu’on s’insurgeait à Paris.

Au 18 mars, la paix était votée. Les Allemands ne pouvaient profiter de nos divisions intestines qu’en rompant les préliminaires du traité, et en annulant le vote de l’Assemblée de Bordeaux. Puisque l’on exécutait loyalement les conventions, et qu’on effectuait régulièrement les