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investi du pouvoir exécutif et de la présidence du conseil des ministres, ne manqua pas de appeler l’heureuse inspiration qu’il avait eue, trente ans auparavant, de fortifier Paris. M. Thiers ne devait pas tarder, en s irritant de la résistance des Parisiens, pour la seconde fois assièges, à reconnaître que les fortifications de Paris, ses fortifications, étaient une arme défensive à deux tranchants.

Durant la période difficile et confuse qui suivit l’armistice, et l’arrivée à Versailles de l’assemblée de Bordeaux, c’est-à-dire du 13 février au 18 mars, M. Thiers déploya une rare habileté et une astuce profonde. Il sut réfréner les impatiences mal contenues des orléanistes, des légitimistes et des bonapartistes montrant leurs dents de dogues accourus à la curée de la France éventrée. Par la suite, pendant la lutte de Paris contre Versailles, il fit preuve d’une finesse et d’une duplicité, non moins remarquables. Il sut amadouer les républicains des départements et leur persuader que la Commune était leur ennemie. Il les trompa, au point que les grandes villes, comme Lyon, Marseille, Toulouse, Lille, dont la cause de Paris, c’est-à-dire l’autonomie et la liberté municipales, était la leur, furent convaincues que l’écrasement de la Commune de Paris était une victoire pour les Communes de France. L’habile petit homme, en vérité ! Il dissimula jusqu’à la dernière minute les atrocités commisses pendant la lutte, avec son approbation, et il promit, jusqu’à l’entrée de Mac-Mahon dans Paris, qu’il se montrerait clément, et ne frapperait que les assassins des généraux Thomas et Leconte. Il roula et abusa, depuis de 19 mars, Paris et la province en proclamant des désirs de conciliation et de transaction, qui n’étaient que sur ses lèvres. Dans son cœur, il portait la haine de Paris et du peuple soulevé, et s’il parlait de transaction, d’entente sur la loi municipale, et de réconciliation, dans les